Le public qui aura assisté aux deux concerts du Double Jeu ! de Paul Goussot, ce dernier week-end à Romans et à Saint-Antoine-l’Abbaye, n’aura pas manqué d’être particulièrement gâté par l’éblouissant et généreux talent de ce jeune musicien. Faisant fi des difficultés techniques, improvisant avec une aisance souveraine, et s’appropriant les deux instruments aux si différentes caractéristiques, l’organiste offrait deux superbes concerts qui s’inscriront dans la mémoire des mélomanes.
Pour conclure la série, les deux associations organisatrices accueilleront une fine et élégante musicienne qui ravira, à n’en pas douter, les oreilles attentives au beau jeu. Elise Rollin a étudié à l’école Nationale de Musique de Belfort, où elle a obtenu les Médailles d’or et Prix de perfectionnement d’Orgue (dans la classe de Jean-Charles Ablitzer), de piano (dans la classe de Claude Ruyer) et de musique de chambre. Au Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon, elle a obtenu le premier Prix d’orgue dans la classe de Jean Boyer. Elle s’est spécialisée ensuite, à Milan, dans le département de musique ancienne de la Scuola Civica di Musica, auprès de Lorenzo Ghielmi. Elle enseigne au Conservatoire de Belfort et à l’École Municipale de Musique d’Héricourt. Sa carrière de concertiste l’a conduite à donner des récitals d’orgue ou de piano (en solo, en formation sonate, ou avec orchestre) en France et à l’étranger (Cathédrale Notre-Dame de Paris, Primatiale de Lyon, Strasbourg, Saint-Tropez, Dieppe, Porrentruy, Milan, Troyes, Rennes, Saint-Etienne de Baïgorry, Valence, Grenoble…). Elle est cotitulaire de l’orgue historique de Saint-Ursanne en Suisse.
Pour sa prestation à Saint-Barnard, samedi 28 septembre à 17h30, Elise Rollin a choisi des oeuvres de Bach (Pièce d’Orgue en sol majeur et choral « Liebster Jesu, wir sind hier » BWV 731), Mozart (Andante en fa majeur), Couperin (Offertoire sur les grands jeux), Buxtehude (Praeludium en ré majeur), Pachelbel (Chaconne en fa mineur) et Mendelsohnn (Sixième Sonate op. 65).
A Saint-Antoine-l’Abbaye, dimanche 29 septembre à 17h00, la musicienne donnera un programme très riche et témoignant de l’infinie richesse de la musique ancienne européenne (se plaçant ainsi dans la thématique qui irrigue le festival annuel) : des danses d’Attaignant, compositeur né en 1494, des œuvres espagnoles (Pavane et Variation de Cabezon, Tres Glosas sobra el Canto llano de la Immaculada Concepcion de Correa de Arauxo, Batalla de Jimenez), une Chaconne de Louis Couperin, des extraits de la Messe des couvents de François Couperin, l’élégant Baleto del Granduca de Jan Pieterszoon Sweelinck, des pièces anonymes anglaises ainsi qu’une Passacaille de l’allemand Buxtehude.
L’orgue, à quelque époque que ce soit, est un instrument qui a stimulé la créativité des ses facteurs et des compositeurs, les uns sollicitant les autres pour accroître les possibilités de constructions sonores toujours plus grandes. Ainsi, les instruments de Saint-Barnard et de Saint-Antoine-l’Abbaye se réclament d’esthétiques sonores radicalement différentes : plus proches du monde symphonique de la fin du XIXème siècle à Saint-Barnard, et typique de l’art baroque français du XVIIIème siècle en Isère. Si le public peut, en un week-end, parcourir une grande partie du répertoire (les musiciens invités étant obligés à établir deux programmes très différents en raison des caractéristiques des deux instruments), c’est au prix de prouesses de virtuosité et de superbe aisance dont font preuve les organistes invités pour ces Double Jeu ! de septembre. C’est aussi grâce aux efforts conjugués de deux associations très impliquées !