L’orgue est toujours l’objet d’a priori persistants que les Amis de l’orgue de Saint-Barnard, patiemment, et avec constance, combattent à leur façon. Si leur activité récente a permis au public de convenir que la règle n’est pas celle de sacrosaints concerts dits « heure d’orgue » (comme si le temps était mesuré…) mais bien celle d’une originalité, de croisements, de rencontres et de volonté de mettre en valeur l’instrument mais aussi les talents qui l’animent avec maestria.
Autres idées reçues ont toujours la vie dure : celle d’un instrument figé dans le passé et celle de l’absence d’intérêt des jeunes pour l’orgue. Ainsi, d’une part, si le répertoire ancien est, il est vrai, particulièrement exceptionnel par sa qualité et sa richesse, il se trouve que de nombreux compositeurs s’expriment toujours aujourd’hui avec l’instrument à tuyaux (Myriam Tannhof, la semaine dernière, jouait des œuvres d’Eric Lebrun, né en 1967). D’autre part, si l’on se contente de jeter un œil sur l’affluence des classes d’orgue de conservatoires, on constate que l’avenir est assuré. A un plus haut niveau, les jeunes interprètes virtuoses sont légion, tant en France qu’à l’étranger. Saint-Barnard peut se targuer, d’ailleurs, d’avoir reçu ces dernières années, la fine fleur de la jeune génération française : Jean-Baptiste Monnot, Sarah Kim, Virgile Monin, Paul Goussot, Thibaut Duret tout récemment.
Le week-end dernier fut l’occasion d’un magnifique concert « trompette et orgue » donné par le très talentueux trompettiste Igor Nareika avec Jean-Michel Petit aux claviers (un vrai programme de Fête de la musique, avec tout plein d’airs connus si appréciés, pour un des rares moments de musique classique dans un flot de musiques actuelles amplifiées…) et d’un Marathon olympique, voire olympien donné par huit organistes drômois venus en amis « s’éclater » à Saint-Barnard… Entre les piliers du répertoire et les raretés, il se dit qu’on y a même entendu du jazz…
Pour ce dernier Jeux d’orgue, les Amis de l’orgue reçoivent, ce samedi 28 juin à 17h30, le jeune Maxime Heintz. Ce jeune musicien talentueux est né en 1982 à Chalon-sur-Saône. Il a commencé la musique en 1995 et notamment l’orgue avec Pierre Simonet. En 1998, il a intégré le Conservatoire de Marseille, dans la classe d’André Rossi, duquel il est sorti avec un Premier prix. Longtemps organiste titulaire de la collégiale de Grignan, il se consacre maintenant à la direction chorale.
Il donnera, pour ce concert, des œuvres de grande envergure. L’immense « Partita » sur le choral « Sei gregrusset, Jesu gütig », de Bach pourrait passer pour l’ancêtre de la grande variation romantique que pratiquaient Schumann ou Brahms. En effet, le thème du choral est traité en successives variations qui se distinguent toutes par de radicales différences de caractère, d’ambiance sonore. Toutes témoignent d’un foisonnante imagination dans les métamorphoses que Bach imprime au thème. Ecrit en hommage à Bach qu’il permettait de redécouvrir, le « Prélude et fugue en ut mineur » de Mendelssohn est un superbe diptyque au caractère très romantique, un chant lyrique ardent tout en même temps qu’une scrupuleuse allégeance à la forme classique. De César Franck, on entendra la « Fantaisie en ut mineur », elle aussi libre et pleine de lyrisme. Enfin, l’occasion sera donnée d’entendre une œuvre de Max Reger. Compositeur allemand de la fin du XIXème siècle, sa figure est celle d’un véritable « ogre » musical, au langage foisonnant, débordant d’invention et dense. Portant les derniers feux du romantisme à un haut degré d’incandescence, il écrit pour l’orgue avec une faconde superbe. Son « Introduction et passacaille en ré mineur » est l’une de ses pièces les plus connues. Les difficultés techniques qui émaillent ses autres œuvres privent souvent le public de ce compositeur : c’est l’occasion de l’entendre, bien défendu par le talent de Maxime Heintz.
Jeux d’orgue de Maxime Heintz, samedi 28 juin à 17h30, entrée libre, participation aux frais