En mettant sur pied cette originale formule, qui consiste à inviter un même organiste pour deux concerts, donnés sur les orgues de Saint-Barnard et de Saint-Antoine-l’Abbaye, les deux associations ont donné au public l’occasion d’entendre des musiciens que plusieurs critères rassemblent. Le premier d’entre eux est, bien évidemment, une virtuosité sans conteste mêlée à une intense musicalité. Artistes d’envergure, musiciens fins et généreux, les organistes invités depuis plusieurs années sont aussi remarquables, pour la plupart, par leur jeunesse. C’est bien là, d’ailleurs, ce qui rend ces concerts uniques. Maîtres de leur technique et de leur pouvoir évocateur et de leur sensibilité comme des musiciens qui auraient cinquante ans de carrière, ces jeunes musiciens témoignent aussi d’une générosité et d’un enthousiasme qui est celle de leur jeune âge mais aussi de personnes bien nées. Nombre d’entre eux, d’autre part, ont posé leurs doigts sur les claviers des deux instruments pour la première fois, comme Laurent Jochum, la semaine dernière, qui a démontré, lui aussi, un talent de haut niveau et une capacité d’adaptation incroyable : arrivé et reparti comme un supersonique, il n’a que très peu répété sur l’un et l’autre instrument, malgré les différences qui les émaillent et leurs caractéristiques propres, jonglant entre les visites des Journées du patrimoine et un agenda serré -arrivé de Paris le vendredi soir, il était reparti le dimanche à 22h !
C’est Sarah Kim qui clôturera la série ce samedi 27 septembre à Saint-Barnard, à 17h30. Cette toute jeune organiste, est actuellement l’une des plus recherchée en France et à l’étranger. Son immense talent est maintenant bien connu et Romans peut s’enorgueillir de l’avoir invitée alors que, fraîchement arrivée en France et diplômée par le Conservatoire national supérieur de Paris, elle était invitée pour la première série des Double Jeu ! Les ovations debout qui avaient marqué ses deux prestations ont signé la reconnaissance d’une artiste majeure, alliant force et délicatesse, subtilité et assurance. Chacune de ses prestations accroît encore son aura : elle donnait, ce printemps, un superbe concert à Saint-Eustache, à Paris, couronnant son programme par la transcription, à quatre mains, des « Danses symphoniques » de Rachmaninov, interprétées avec le Maître Jean Guillou. Sa curiosité musicale l’entraînait, peu après, à tenir la partie d’orgue Hammond de « Le Balcon », un opéra de Peter Eötvös d’après la pièce de Jean Genet. Née en Allemagne, Sarah Kim, australienne d’origine coréenne, découvrit la musique dès l’âge de cinq ans à travers l’étude du piano et du violon. Quelques années plus tard, elle décida de se tourner vers l’orgue. En 2005, elle entreprit une Licence de Musique au Conservatoire de Sydney dans la classe de Philip Swanton et obtint son diplôme avec la mention très bien, ainsi que la Médaille de l’Université. Elle remporta les premiers prix aux concours d’orgue de Sydney, de Newcastle ainsi qu’au Festival « Eisteddfod » de Warringah et reçut le titre d’ »organ scholar » à l’université de Sydney. Sarah Kiim s’est déjà produite en soliste dans les principales salles de concerts australiennes, en particulier sur le fameux orgue de l’Hôtel de Ville de Sydney, ainsi que lors du cinquantième anniversaire du grand orgue de l’Opéra. Elle a également joué avec orchestre et chœurs, tels que l’Orchestre Symphonique et le Choeur de Chambre de Sydney, l’Orchestre de Jeunes d’Australie. Sa carrière de concertiste l’amène à donner des récitals dans des lieux et festivals prestigieux en France, Grande-Bretagne, Hollande, Italie, Suède dont Westminster Abbey à Londres, la Cathédrale d’Uppsala (Suède), Saint-Louis des Invalides à Paris, le Festival d’orgue de Saint-Eustache, Notre-Dame de Paris.
Les programmes proposés par la jeune musicienne sont d’une belle envergure ! A Romans, elle commencera son concert avec la « Pièce héroïque » de César Franck, oeuvre imposante et dont on doit rendre la force sans trop d’emphase. La délicate « Sicilienne » de Maurice Duruflé mettra en valeur la poésie de son jeu, ainsi que la « Pièce d’orgue » et la « Quatrième sonate en trio » de Bach. Un choral de Brahms (« Herzlich tut mich verlangen ») et deux mouvements de la « Troisième Symphonie » de Louis Vierne donneront toute la mesure du talent de Mademoiselle Kim. A Saint-Antoine-l’Abbaye, elle jouera la « Fantaisie » en « Pièce d’orgue » et la « Troisième Sonate en trio » de Bach, la « Sonate en fa majeur » de Carl-Philip-Emmanuel, l’un des fils du glorieux Johann-Sebastian, des extraits de la « Suite du deuxième ton » du français Jean-Adam Guilain (Tierce en Taille, Duo, Basse de Trompettte, Dialogue) et, pour conclure, deux oeuvres plus récentes de Jehan Alain (1911/1940) : les « Variations sur un thème de Clément Jannequin » et ses célèbres « Litanies ».
Ces deux concerts vraiment exceptionnels seront donnés le samedi 27 septembre à Saint-Barnard à 17h30 et le dimanche 28 septembre à Saint-Antoine-l’Abbaye à 17h00. Ils sont gratuits ! Ne vous en privez pas !