Yoann Tardivel-Erchoff, qui officiait samedi dernier au cœur des Journées du Patrimoine, a offert un véritable marathon musical au public nombreux. Conclure la visite de la collégiale par un concert de cette maîtrise est un privilège : aisance technique, fermeté de la conduite du discours, force dramatique et inventivité dans l’exploitation des ressources sonores de l’instrument de la collégiale, tout concourrait à ce que ce concert soit un moment privilégié, à a mesure de ceux qui l’ont précédé dans cette série. Yoann Tardivel, professeur au Conservatoire de Bruxelles, concertiste recherché et producteur de radio, faisait montre de son originalité avec un programme tout entier consacré à l’influence de Bach chez les musiciens du XIXème siècle. Pour conclure cette série de haute tenue musicale, les auditeurs pourront retrouver l’extraordinaire jeune virtuose déjà bien apprécié Jean-Baptiste Monnot. Déjà reçu à plusieurs reprises, on pourra l’entendre à nouveau avec le même bénéfice et l’assurance d’un moment intense.
Jean-Baptiste Monnot est le tout récent titulaire du grand orgue Cavaillé-Coll de l’abbatiale Saint-Ouen de Rouen (sa nomination, sur concours, date de ce mois-ci) et de l’orgue historique Joseph Merklin de la Collégiale Notre-Dame de Mantes-la-Jolie. Il est également professeur d’orgue au Conservatoire à Rayonnement Départemental de Mantes-en-Yvelines. Né en 1984 en Normandie, il a étudié l’orgue au Conservatoire national de Région de Rouen où il a obtenu la Médaille d’or, le Premier prix de perfectionnement et le Premier prix d’excellence. En 2002, il a remporté à l’unanimité le premier prix du quatrième Concours du Jeune Organiste présidé par Marie-Claire Alain et obtenu le Diplôme d’Études Musicales Régional d’orgue. Admis au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris dans la classe d’Olivier Latry et Michel Bouvard, il y a obtenu le Diplôme de Formation Supérieure en orgue avant d’aller se perfectionner auprès de Bernhard Haas à la Hochschule für Musik de Stuttgart. À plusieurs reprises, il a suivi les master-classes de Jean Guillou à Zürich avant d’être l’assistant de son Maître, entre 2004 à 2014, au grand orgue de l’église Saint-Eustache. Appelé à jouer à Kyoto, Nagoya ou La Nouvelle-Orléans, il se produit dans de nombreux festivals français et étrangers. L’an dernier, il a donné un concert à l’Österreichischer Rundfunk de Vienne, radiodiffusé en direct et avec l’orchestre philharmonique de Kiev.
Samedi 26 septembre, à 17h30 à Saint-Barnard, Jean-Baptiste Monnot jouera le magnifique « Prélude et fugue en la mineur BWV 543 » de Bach, vaste fresque éloquente et d’une grande noblesse, sa propre transcription de trois pièces pour piano d’Alexander Scriabin (« Etude en ut dièse n°1 op. 2 », « Préludes en la mineur n°2 op. 11 et n°2 op.59 ») avant de se lancer dans l’immense « Fantaisie et fugue sur Ad nos ad salutarem undam » de Franz Liszt, chef d’œuvre quasiment cinématographique, riche d’une inventivité stupéfiante et d’un formidable impact dramatique à même de mettre toutes les ressources de l’orgue et de l’interprète en valeur.
A Saint-Antoine-l’Abbaye, le dimanche 27 septembre à 17h00, le jeune musicien redonnera le « Prélude et fugue en la mineur BWV 543 » associé à trois chorals du même Bach (« Allein Gott in der höh sei eh » « Dies sind die heilige zehn Gebot» et « Wir glauben all’ an einen Gott»). La superbe et si lyrique « Tierce en taille » de Nicolas de Grigny précèdera deux chorals de Brahms, écrits à la fin de sa vie (« Es ist ein Ros’ entsprungen » et « O Gott, du frommer Gott »). Pour conclure le cycle et la saison, c’est la grande « Toccata dorienne » qui aura les honneurs.
Sans doute aucun, le public pourra se rendre à ces deux concerts avec la certitude de moments exceptionnels : le talent de Jean-Baptiste Monnot, unanimement reconnu en France et à l’étranger est un gage sûr. Sa toute récente nomination à la tribune de Saint-Ouen de Rouen, où il aura sous les doigts l’un des plus superbes instruments de France, et que le monde musical nous envie, est une excellente nouvelle pour le monde de l’orgue. Le talent du musicien, sa conscience aiguë de son rôle et la rigueur de son approche garantissent la plus belle mise en valeur de cet orgue aux ressources sonores uniques et au statut incroyable : il est dans l’état de sa construction, en 1890 ! Heureux mélomanes qui croiseront Jean-Baptiste Monnot sur leur chemin : il marquera leur souvenir…