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Archive mensuelle de juin 2016


Pour ouvrir le cycle des Jeux d’orgue de la collégiale, la dynamique association a, une nouvelle fois, fait preuve d’un jugement que l’on pourrait qualifier de « bien aiguisé ». Mathilde Théobald, aux claviers, a fait preuve d’une force et d’une détermination, dans la conduite du discours musical et la fermeté rythmique, que sa frêle et discrète silhouette n’aurait pas laissé, de prime abord, augurer ! Avec la « Toccata » de Gigout, emportée par son impétuosité, avec les deux grandes fresques de Bach, dont l’une pour clavecin très bien adaptée à l’orgue à tuyaux, le public a pu mesurer le talent de la jeune interprète.
Avec Maxime Heintz, l’on pourra encore mesurer que le talent n’attend pas le nombre des années. Musicien généreux, disponible et ouvert à toutes les expériences (on l’a connu chanteur et maître de choeur attentif), le jeune organiste est bien connu dans la région et s’est attiré l’affection d’un public fidèle. Habitué de la tribune de la collégiale, il y a brillé à de nombreuses reprises, notamment pour l’Intermezzo de Noël de la fin de 2015, où son interprétation de l’immense « Passacaille et thème fugué » de Bach a saisi par son éloquence. Né à Chalon-sur-Saône, Maxime Heintz a commencé la musique en 1995 et notamment l’orgue avec Pierre Simonet (date de ses premières prestations à Romans). En 1998, il a intégré le Conservatoire de Marseille, dans la classe d’André Rossi, duquel il est sorti avec un Premier prix. Longtemps organiste titulaire de la collégiale de Grignan, il s’est aussi consacré à la direction chorale tout en continuant à pratiquer son instrument de prédilection. Musicien accompli, d’une générosité soulignée, il s’est produit à de nombreuses reprises à Romans –dès son plus jeune âge. Fidèle de Bach et du répertoire romantique, il en donne une traduction toujours vivante et rigoureuse, fermement menée par une attention toujours constante au rythme et aux couleurs, agencées avec goût et simplicité, pour une bonne compréhension des œuvres.
Maxime Heintz propose un programme de valeurs sûres et, comme les Amis de l’orgue les apprécient, un de ces panoramas musicaux qui mettent en valeur l’instrument aux timbres polyvalents. Tout d’abord, on entendra de Louis Nicolas Clérambault, la « Suite du deuxième ton » : cette suite présente les formes musicales que l’art baroque a privilégiés (« Plein jeu », « Duo », « Trio », « Basse de cromorne », « Flûtes », « Récit de nazard », « Caprice sur les grands jeux ») et qui mettent en valeur les timbres appréciés de ce temps mais affiche déjà un goût prononcé pour la mélodie agréable, séduisante. Ensuite, de Johann-Sebastian Bach, on entendra trois chorals que Bach a adaptés, lui-même, d’oeuvres de sa plume et regroupés dans le recueil édité par Schübler (« Wachet auf ruft uns die stimme », « Wer nur den lieben Gott lässt walten » et « Ach bleib uns, Herr Jesu Christ »). De Mendelssohn, grand redécouvreur de Bach, on appréciera la « Deuxième sonate en ut mineur op.65″ en quatre mouvements avant de retrouver l’un des compositeurs favoris du musicien : Jehan Alain. Feu follet musical, fauché par la drôle de guerre, en 1940, ce compositeur fait regretter qu’il n’ai laissé « que » 120 œuvres dont ces émouvantes « Variations sur un thème de Clément Janequin » qui redécouvrent la musique baroque bien avant les autres pendant les années 1930, dont cette « Deuxième fantaisie » qui bénéficie de la découverte, par le musicien, des musiques orientales lors de l’Exposition coloniale de 1932, et dont ce « Choral », extrait de la « Suite pour orgue » qui lui valut une récompense lors d’un prestigieux concours de composition.
Ainsi, la saison musicale de Saint-Barnard se poursuit au mieux, avec des musiciens de qualité et des programmes qui donnent à découvrir, à réécouter… Ne manquez pas ce moment de bonne musique, ce samedi 11 juin à 17h30 (entrée libre).