Pour ouvrir la série de leurs Jeux d’orgue annuels, les Amis de l’orgue de Saint-Barnard ont invité, ce samedi 1er juin à 17h00, l’un de leurs fidèles récitaliste, une des figures de l’orgue français que l’association romanaise peut s’enorgueillir de compter parmi les fidèles visiteurs de sa tribune. Frédéric Muñoz, venu de l’Hérault, est un des organistes français les plus en vue, un spécialiste reconnu des musiques anciennes et étrangères, espagnoles, andalouses, italiennes…Formé par Odile Bailleux et Michel Chapuis, il a la responsabilité d’un instrument construit en 1782 par Jean-Pierre Cavaillé, l’orgue historique de l’abbaye de Saint-Guilhem-le-Désert. L’activité de ce musicien est mutiple : il organise le festival d’orgue de son abbatiale depuis 2001, il enseigne l’orgue pour l’Académie de l’orgue Italien à Camerino (Marches, en Italie) et l’Académie d’été « Orgues en Cévennes » dont il fut directeur durant plus de 25 ans. Il a aussi enregistré une vingtaine de disques et s’est produit, depuis plus de trente-cinq ans, sur la plupart des orgues historiques de France, et aussi à l’étranger. Il est aussi un très efficace propagateur de la connaissance de l’orgue et de son activité en tenant la chronique des disques et des livres d’orgue sur le site d’actualité musicale en ligne resmusica.com et en administrant une chaîne YouTube très regardée. Il est aussi l’initiateur de la construction de plusieurs instruments neufs, à Alès et à Montpellier.
Comme à l’accoutumée, Frédéric Muñoz proposera un programme d’une belle originalité. Il sera composé de pièces du répertoire mais aussi d’improvisations, genre dans lequel excelle le musicien et qui permet d’explorer encore les mystères de la création. Ainsi, on entendra la « Sonata en sol menor » de Carlos Seixas, la « Sonata K87 » de Domenico Scarlatti et la « Sonate de clarines n°53 » du padre Antonio Soler, délicates et vivaces œuvres du XVIIIe siècle, époque où les termes « sonate » et « toccata » se rejoignaient dans l’idée d’une œuvre faite pour toucher un instrument à clavier, et le faire sonner en montrant sa virtuosité. Entremêlées à ces pages anciennes, les mélomanes auront la chance d’entendre improviser un des plus brillants représentant de cet art, et ce dans des styles différents. Ainsi, Frédéric Muñoz proposera une « Suite improvisée dans le style classique français » qui, dans les diverses formes habituelles de ce type d’œuvre souvent écrite au XVIIIe siècle, par Du Mage, Marchand, Clérambault, met en valeur tel timbre ou groupe de sonorités (« Grand Plein-Jeu », « Quatuor », « Basse et dessus de Trompette », « Récit de Tierce en taille » et « Dialogue sur les Grands Jeux »). Le cœur du programme, chargé d’une particulière émotion, retiendra l’attention du public. En effet, Frédéric Muñoz, qui fut proche du grand musicien, rejoignant par là Frédéric Brun, président de l’association, se souviendra de Jean Guillou, illustre organiste de Saint-Eustache, à Paris, pendant 52 ans, immense compositeur, interprète, improvisateur de renom international, poète et théoricien. Frédéric Muñoz, dans un article du site resmusica.com, rappelait, que Jean Guillou, mort en janvier dernier, semblait immortel tant il avait conservé, à plus de 80 ans, une activité étourdissante. « Rare musicien organiste connu du grand public, il n’eut de cesse durant sa longue carrière d’œuvrer en faveur de la cause de la musique au travers d’interprétations personnelles à l’orgue ou au piano et de compositions novatrices pour la plupart, dont l’inspiration s’abreuvait aux sources de Stravinsky ou Prokofiev ». Frédéric Muñoz eut la chance de côtoyer le Maître : « Il fallait voir et entendre Jean Guillou en concert, capable de jouer par cœur une symphonie de Vierne sur un orgue mécanique sans assistance électronique, manœuvrant les registres sans que le rythme n’en soit jamais affecté et demandant, par contre, la présence d’une personne ou deux, non pas pour l’aider dans son jeu, mais bien pour lui apporter une présence humaine proche à laquelle il était très attaché, peut-être rassurante, lui qui n’aimait guère cette distance avec le public et la solitude de la tribune. Cette envie de partage était là, comme une demande expresse et vivante ». Evoquer la figure de Jean Guillou par des improvisations est une belle façon de lui rendre hommage, mais aussi un défi. En effet, « un bouillonnement se retrouvait lorsque Jean Guillou improvisait, soit sur un thème musical ou ce qu’il aimait encore plus, une idée littéraire ou picturale. A la marge de la composition, ses improvisations, méticuleusement préparées, offraient toute une succession de climats qu’il savait mettre en espace en une savante rhétorique ». Reprenant le titre de l’une des œuvres emblématiques du compositeur, « Hypérion ou la rhétorique du feu », Frédéric Muñoz improvisera sur ce thème qui mêle toutes les évocations du feu, celui qui consume comme celui qui anime l’âme des poètes dont fut, à n’en point douter, Jean Guillou. Ce concert qui s’annonce brillant et original, aura lieu le samedi 1er juin à 17h00 (entrée libre).
0 Réponses à “Jeux d’orgue de Frédéric Munoz, samedi 1er juin à 17h00”