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Archive mensuelle de décembre 2022

Musique pour Noël (encore)…

L’art de l’improvisation, quand il est pratiqué par un maître, repousse littéralement les limites de la création instantanée. Celle-ci est alors maîtrisée par l’esprit, sans laisser aux mains ou aux pieds une mobilité que l’habitude peut leur accorder sans que la conscience agisse. La musique jaillie de l’instant, dans ce cas, présente les mêmes caractéristiques qu’une œuvre maturée, écrite. Pensée et maîtrise technique, conscience de la forme, respect des règles, tout concourt, avec le piment d’une imagination libérée, à faire de l’improvisation un sidérant exercice.

Guillou: Improvisations sur des Noëls traditionnels – 1. Douce nuit sainte nuit – YouTube

Guillou: Improvisations sur des Noëls traditionnels – 2. Les anges dans nos campagnes / Il est… – YouTube

Guillou: Improvisations sur des Noëls traditionnels – 3. Dans l’étable obscure – YouTube

Guillou: Improvisations sur des Noëls traditionnels – 4. Entre le boeuf et l’âne gris – YouTube

Guillou: Improvisations sur des Noëls traditionnels – 5. Adeste fideles – YouTube

Un beau texte…

Un auditeur de l’Aubade du marché donnée par Muriel Gontard, M. Pascal Dupont, nous a fait parvenir ce beau texte, teinté d’émotion. Nous le publions avec son autorisation.

Aubade du marché  051222

Malgré la pluie, le froid hivernal du dehors, à l’abri dans la collégiale, mon amie et moi, nous avions décidé d’aller écouter notre orgue romanais. En ce mois de décembre, entre les mains de virtuoses locaux, l’Association des Amis de l’orgue de Saint-Barnard organise tous les dimanches à 11 heures, et pendant une petite demi-heure, une démonstration des capacités de l’instrument, à fortiori, de celles et ceux qui en jouent.

Si l’orgue de la basilique de Saint-Maximin possède quelque 4900 tubes, celui de Romans n’en possède « que » 2900, de quoi, pourtant, alimenter une artillerie musicale digne de faire trembler tous les vitraux de notre collégiale Saint Barnard.

Aussi, ce jour, dévolue à « L’aubade du marché » concertpoireaucarotte (ça ne s’invente pas), c’est Muriel Gontard, diplômée de la faculté de la Belle Musique, qui s’y collait avec une grande maestria. Son répertoire allant de Dietrich Buxtehude à Alexandre Guilmant, elle alla doctement chercher tous les registres possibles avec cet instrument gigantesque installé au-dessus de la grande porte de la collégiale…

À l’heure dite, la grand-messe musicale débuta. Outre la puissante solennité des premières notes, ces graves interminables qui constituent l’atmosphère de l’orgue, elles étaient cependant le tapis déroulé et moelleux des notes suivantes ; de l’orage au prélude, entre les abrégés, les accouplements, les appels, le jeu, celles-ci s’envolaient dans la nef, se retrouvaient, s’harmonisaient dans des gammes savantes entre les échos des voûtes, se suivaient dans une trame aux puissantes intonations baroques. Bien qu’invisible, ce petit bout de femme, je l’imaginais à l’œuvre, en train de tirer des tiroirs, d’appuyer sur des pédales, d’insister longuement sur les touches de ses claviers pour sortir de son instrument les chorales du jour, de Bach, Brahms et Daquin…

Dans l’abside, les longs vitraux semblaient éclairés jusqu’à me faire croire que le soleil était revenu. De mon banc, et dans la perspective de mon regard, ils étaient posés sur les cierges de l’autel comme des longues flammes colorées de bleus, de verts et de rouges incandescents. La musique rude et soyeuse les animait à l’envi de mes impressions folâtres. Jusque là tout allait bien ; n’étant pas trop empreint par la gravité musicale du contexte, je musardais en visitant des yeux les arcades, les bas-côtés, le chœur, les chapelles, cherchant à les organiser, à les embellir avec mes propres pensées.

Ça caillait dans l’église. On n’était pas loin avant de voir sortir de nos bouches de la buée glaciale ; le froid me saisissait plus que pouvait me réchauffer ce pompeux cérémonial de musique.

Évidemment, ce n’était pas Rick Wakeman (Yes), ni Richard Wright (Pink Floyd) aux claviers, mais la sonorité acoustique, la facture musicale avait son charme intemporel. Dame Muriel déclinait son savoir d’interprète avec une grande technique de précision et une grande passion mélodieuse. Bach, Brahms et consorts pouvaient se rendormir sur leurs deux oreilles ; sans bémol et récités jusqu’aux moindres soupirs, leurs chefs-d’œuvre étaient entre de bonnes mains. Aux vibrations forcées de l’instrument s’enflant d’emphase, la poussière se décollait, le vide de la collégiale s’emplissait de sons téméraires ; dans ses murs récepteurs, l’alchimie musico-liturgique avait trouvé son auditoire de mélomanes avertis…  

Je ne me souvenais plus de notre collégiale, il y avait tellement longtemps que je n’y avais plus mis les pieds. À la fois romane et gothique, elle est toujours aussi austère, et au moins, aussi froide que le dehors l’était, ce jour. Il y a peu d’eau dans le bénitier, pas de fleurs sur l’autel, pas un cierge n’est allumé, pas un tableau n’a son éclairage le ravivant. Le diocèse n’a-t-il donc pas payé la facture d’électricité ? De fait, partout, l’ombre est casanière et capricieuse. Elle se cache derrière les péristyles comme si elle était en retard de ses pénitences, elle s’immole par le feu devant un vitrail éclairé ; omniprésente, elle tache le sol de ses noirceurs changeantes au gré des pèlerins de passage la piétinant. Peste, guerre, famine, choléra, etc., on dirait qu’on y a plus prié pour conjurer les calamités à travers les siècles, que pour y célébrer des moments de bonheur. Je n’y ressens pas l’équilibre égalitaire entre le bien et le mal, comme si le bien n’y avait pas encore atteint son quota d’allégresse en contrepoids. Ici, Jésus sur la croix, avec son visage éternellement mortifié, on dirait qu’il souffre de plus en plus, et si je devais refaire le plein d’énergie spirituelle, ce n’est certainement pas dans cet endroit que je viendrais…

Laissant vagabonder mon imagination baladeuse, je trouvais que les longues colonnades verticales ressemblaient à des sucres d’orge framboise et citron montant en une spirale sirupeuse jusque dans les arcades ; presque naïves, et redondantes, les peintures pariétales s’accommodaient du chœur de l’église ; et si les bancs étaient récents, le dallage était abîmé comme si des milliers de fidèles en grande foi chrétienne l’avaient foulé au fil des siècles. À cause de mes appareils auditifs, certaines notes frémissaient plus que de raison à l’intérieur de mes pauvres oreilles ; c’était une sonorité dédoublée, un vibrato forcené, un dérangement sévère, si bien qu’il me semblait que les notes brutales étaient jouées deux fois, ou plus longtemps, ou plus fortissimo ! « Quel appareil de torture ! », me dis-je…    

Soudain, je sentis la main de mon amie se blottir un peu plus dans la mienne. Je penchai la tête sur le côté et je constatai qu’elle avait de la buée dans les yeux. Ce ne pouvait être le froid ; c’était peut-être l’émotion momentanée que délivrait cette musique si gutturale, et qui réveillait en elle des souvenirs poignants. La musique, c’est de la lumière dans les pensées et des paysages dans les yeux. « Je vais te confier un secret… », me dit-elle ; je la regardais, quelque peu dubitatif. « Je vois mes parents… », me murmura-t-elle. « Ils dansent au-dessus de l’autel… » Pourquoi pas ! Entre la rhétorique de cette  musique pompeuse s’élevant dans la nef, comme un cerf-volant cherchant son air, Jésus, au visage de la souffrance, crucifié depuis si longtemps et les vitraux éclairés par je ne sais quelle lumière céleste, elle pouvait bien avoir des états d’âme en forme de souvenirs parentaux.

C’est à ce moment que l’équilibre a vacillé sous mes godasses. Au milieu de toute cette grandiloquence, dans le tabernacle de ses pensées, si elle voyait ses parents danser, dans ma boîte de pandore, qui donc pouvais-je agiter devant mes yeux pour retrouver pareilles émotions ?

En fin de matinée, il y a des années, empruntant la clé de la grande porte à sa belle-mère, alors qu’elle était encore secrétaire de mairie, tels deux chenapans, vestiges de notre jeunesse, mon pote et moi, nous avions pénétré à l’intérieur de l’église de Saint-Bardoux. Cette église, plantée en surplomb au milieu du village, lui-même posé en haut d’une colline, est un point de vue imprenable sur toute la région. Des premières cimes du Vercors jusqu’aux contreforts de l’Ardèche, et de la vallée du Rhône jusqu’aux éoliennes du « Nord », on y répertorie plusieurs départements. Il fallait qu’on vérifie de visu tous ces ouï-dire… 

Ô, dans cette petite église, il n’y a rien à voler, que des souvenirs, entre rires et larmes, de baptêmes, de mariages et d’enterrements à se remémorer. Ô, dans cette petite église, il n’y a pas d’orgue, pas d’instrument qui puisse rehausser le bâtiment avec des refrains de bénédiction, ni même une chorale ; les seules musiques qu’on peut entendre, ce sont les échos de notre conscience quand elle se rappelle quelques bonnes actions en sourdine.

Dans cette église, sur l’autel, il y a toujours des fleurs des champs, les cierges sont toujours allumés, la lumière baigne les vitraux d’une aura qui habille les Saints en place de vêtements multicolores. Ici, Jésus, même prisonnier sur sa croix, ne semble pas faire la gueule…  

Pris par le démon de la découverte, mon pote, toujours précurseur dans l’art de la bêtise, était encore premier de cordée pour l’occasion ; tels deux alpinistes inconscients, nous escaladâmes les petits escaliers si raides qui emmènent sous la toiture du clocher. Pendant l’ascension, sous nos pas, les marches en bois de jadis craquaient en grinçant leur extrême fragilité ; à travers l’inextricable enchevêtrement de poutres et de voliges, celui du système de l’horlogerie et des ferrailles attenant, nous nous frayâmes un passage jusque sous la cime du beffroi. Entre les cloches, poussière, plumes et fientes de pigeons nous accueillirent au sommet. Derrière les interstices des volets, pour le peu qu’on entrevoyait, apparaissait à nos regards ébahis le panorama grandiose de notre environnement. Les champs de blé ondulaient avec le vent caresseur, le pré de Cinq Sous avait sa parure brumeuse de l’été, et même le cimetière nous paraissait petit, comme si on n’y avait pas notre place, comme si, déjà, on s’était rapprochés du Seigneur ! Ha, ha ! N’étions-nous pas des petits clandestins dans sa demeure ? Comme il punit toujours les contrevenants, le mécanisme de l’horlogerie s’était mis soudainement en branle ! Graves et méthodiques, les cloches se mirent à tintinnabuler frénétiquement l’heure de midi ! Qui a dit qu’il n’y avait pas de musique dans l’église de Saint-Bardoux !

Décédé depuis plus de quatre ans, mon pote était là ! Perché entre deux colonnes, le sourire aussi large que deux voûtes de plafond, il me faisait des signes de bienvenue, du haut du chemin de ronde des petites arcades ! Mais oui ! C’était lui ! Je l’ai tout de suite reconnu ! Ce ne pouvait être que lui ! Je fermais les yeux, je les rouvrais, en un seul clin d’œil, il était assis sur un rebord de vide, de l’autre côté de la collégiale ! Il a toujours été facétieux, mon pote ! « Comment as-tu fait pour grimper ? » voulais-je lui crier pour le rejoindre ! « Faut prendre quels escaliers ? » À cet instant, j’aurais donné ma vie pour le retrouver. Je savais que tout ça, c’était seulement l’œuvre de mon imagination, et que ces impressions n’étaient que la traduction de cette musique d’orgue qui avait pénétré les méandres de mes perceptions les plus intimes. Aussi, je devais me résoudre à la réalité factuelle et aux ultimes notes de l’organiste quant à l’offertoire déclamé en bouquet final ronflant…  

Peut-être fus-je le seul à l’entendre, j’eus droit à une fausse note, un couac d’anthologie, qui détona fortement au dénouement de ce récital si rondement mené. Ce ne pouvait être que lui ; au hasard, mon ami d’enfance avait appuyé sur une touche du clavier de l’orgue pour m’assurer de sa présence. Quand je vous disais qu’il est facétieux ! Onze heures trente et quelques octaves aux montres des dilettantes ; on applaudit la représentation de Dame Muriel, on laissa quelques pièces dans la corbeille, et on s’en alla à nos occupations, naturellement… moins musicales…   

Joyeux Noël !

Ecoutons l’étonnant office de Noël, extrait de l’Orgue mystique de Charles Tournemire (1870-1939) :

Introït : Cycle de Noël, Office de Noël No. 3, Op.55 : Introit – YouTube

Offertoire : Tournemire l’Orgue Mystique – Noël – 2 – Offertoire (Molto Adagio) – YouTube

Elévation : Tournemire l’Orgue Mystique – Noël – 3 – Élévation – YouTube

Communion : Tournemire l’Orgue Mystique – Noël – 4 – Communion – YouTube

Pièce terminale : « Paraphrase » : Cycle de Noël, Office de Noël No. 3, Op.55 : Paraphrase – YouTube

Joyeux Noël à tous !

Musique pour Noël…

Petit panorama du répertoire de Noël dû aux organistes-compositeurs français du XXe siècle qui ont su perpétuer une tradition musicale riche de chefs-d’œuvre !

Olivier Messiaen (1909-1992) : 

Messiaen: La Nativité – I. La vierge et l’enfant – YouTube

Messiaen: La Nativité – II. Les Bergers – YouTube

Messiaen: La Nativité: – III. Desseins éternels – YouTube

Messiaen: La Nativité – IV. Le Verbe – YouTube

Messiaen: La Nativité: – V. Les Enfants de Dieu – YouTube

Messiaen: La Nativité – VI. Les Anges – YouTube

Messiaen: La Nativité: – VII. Jesus accepte la souffrance – YouTube

Messiaen: La Nativité: – VIII. Les Mages – YouTube

Messiaen: La Nativité: – IX. Dieu parmi nous – YouTube

Marcel Dupré (1886-1971) : 

Symphonie Passion, Op. 23: Nativité – YouTube

Jeanne Demessieux (1921-1968) : 

Jeanne Demessieux: Nativité Op.4 – YouTube

Jean-Jacques Grunenwald (1911-1982) :

Jean-Jacques Grunenwald – Nativitè (from Suite No. 1, 1937) [An Organist's Christmas 2011 - 05] – YouTube

Jean Langlais (1907-1991) : 

Langlais: La Nativité (from Poèmes évangéliques, 1932) – YouTube

Gaston Litaize (1909-1991) :

Litaize: Variations sur un Noël Angevin – YouTube

Jean Bouvard (1905-1996) :

Jean BOUVARD – Noël Vosgien (Anne-Isabelle de Parcevaux, organ) – YouTube

André Fleury (1903-1995) : 

André Fleury Variations sur un Noël bourguignon – Jacques Kauffmann – Couvent des Dominicains Paris – YouTube

Joyeux Noël à tous !

Intermezzo pour les santons…

A ceux qui souhaiteraient se remettre d’agapes trop riches, à ceux qui seraient seul.e.s en ce jour de fête, à tous les autres, nous proposons cet Intermezzo pour les santons, le dimanche 25 décembre à 16h30. Aux claviers, Frédéric Brun, organiste de l’église de Bourg-de-Péage jouera des oeuvres de Bach, Daquin, Mozart et des improvisations sur des thèmes de Noël.

fichier pdf Noël

Concert à Chambéry…

Dimanche 25 décembre à 16 h 30, l’association des Amis de l’Orgue de la Cathédrale de Chambéry vous accueille en compagnie de Thibaut Duret pour un concert de Noël aux sonorités vives et changeantes. Dimanche 25 décembre à 16 h 30, le concert d’orgue de Noël sera donné à la cathédrale Saint-François-de-Sales de Chambéry par Thibaut Duret, organiste titulaire du grand orgue classé Monument Historique. Le programme comportera bien entendu des pièces pour le temps de la nativité, mais fera la part belle à des œuvres profanes et festives !

Le répertoire d’orgue comporte en effet des centaines d’œuvres composées pour le temps de Noël, qu’elles soient issues de thèmes populaires ou religieux, ou qu’elles aménagent plus librement des ambiances évocatrices de cette fête, comme les pastorales.

Au programme :

Claude-Bénigne Balbastre (1724-1799). Concerto pour orgue en 4 mouvements (Prélude, Allegro, Gavotte, Allegro)

Dietrich Buxtehude (1637-1707). Fantaisie sur le choral Wie schön leuchtet der Morgenstern (« Comme elle resplendit l’étoile du matin ») (BuxWV223)

Edward Elgar (1857-1934). Marche N° 1, extraite des 5 marches Pomp and circumstance, military marches (Op. 39). Transcription pour orgue par Edwin H. Lemarre (1865-1934)

Charles-Marie Widor (1844-1937). Marche du veilleur de nuit, à partir du choral « Wachet auf ruf die stimme » (BWV650) de Johann Sebastian Bach

César Franck (1822-1937). Final, dédié à Louis James Alfred Lefebure Wely (1817-1870), organiste officiel du Second Empire.

Le concert est gratuit ; une participation aux frais est bienvenue afin de permettre aux Amis de l’Orgue de continuer à faire vivre ce bel instrument.

Musique pour Noël…

Le répertoire de Noël foisonne d’air populaires fixés par les compositeurs dès le XVIIe siècle. Pour certains, ces pages sont devenues parfois même leur ultime titre de gloire, pittoresques fantaisies imaginatives à-même de mettre en valeur tant la virtuosité des interprètes que la somptuosité des instruments dont ces pièces exploitent les ressources de dynamique et de couleur sonore. Par Jean Guillou, avec son jeu net et débarrassé des contingences de restitution historique, ces pages toujours charmantes de Louis Claude Daquin (1694-1772) :

1 : Daquin: 5 Noëls pour orgue – 1. Noël IX en ré majeur (sur les flûtes) – YouTube

2 : Daquin: 5 Noëls pour orgue – 2. Noël XII en la mineur (Noël suisse) – YouTube

3 : Daquin: 5 Noëls pour orgue – 3. Noël VI en ut majeur (sur les jeux d’anches) – YouTube

4 : Daquin: 5 Noëls pour orgue – 4. Noël X en sol majeur (Grand jeu et duo) – YouTube

5 : Daquin: 5 Noëls pour orgue – 5. Noël I en ut majeur (sur les jeux d’anches) – YouTube




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